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Trial Vintage : pourquoi a-t-il autant la cote ?

Le phénomène n’est pas nouveau, mais il prend de l’ampleur. Alors qu’en ligue, voire en championnat de France, il n’y a pas foule dans les parcs coureurs et dans les zones (comptez une soixantaine de partants en ligue et une centaine en CF avec le renfort de la catégorie Critérium depuis quelques saisons), en Anciennes, on croule sous les demandes…

 

Les réunions de motos classiques ont cette saison rassemblé une moyenne de 160 partants et quelques épreuves cultes crèvent les plafonds. On a recensé 240 pilotes à Château-Lastours, plus de 200 à Nyons… Sans parler des “grands messes” qui, elles, jouent carrément à guichets fermés ! Le Ventoux Classic 2022 a reçu 500 demandes d’inscriptions pour 400 dossards, les 500 places de la Costa Brava se sont arrachées en quelques heures ! Alors, comme le font les organisateurs de trials modernes pour séduire tant d’aficionados, il est logique de s’interroger sur les raisons de ce succès. Voilà un virus qu’on souhaite tout comprendre…

Trial Vintage 2

Tous les participants vous le confirmeront, leur passion pour les Anciennes repose sur des raisons aussi variées que diverses. Mais on trouve quelques constantes. Ainsi, la moyenne d’âge des pilotes y est plus élevée qu’en Modernes, mais selon les propos des différents organisateurs, elle aurait actuellement tendance à rajeunir. Pourquoi ? Simplement parce qu’avec les années vient la sagesse, voire la prudence : dans bien des ligues, on voit des pilotes longtemps réfléchir, hésiter même, avant de se lancer sur les premiers obstacles. Les performances des motos actuelles sont largement supérieures à celles de 99 % de leurs pilotes et n’importe quel modèle récent est capable de vous propulser en haut de marches impressionnantes, d’où la chute peut être douloureuse, voire pire… Les Vieilles n’offrent bien sûr pas ce genre de catapultage subsonique, donc le relief des tracés y est bien moins ardu et leurs pilotes bien plus sereins.

 

Autre atout du roulage en Anciennes, l’ambiance y est sensiblement plus décontractée. On cherche évidemment toujours à taxer les copains, mais la pression est bien moindre. Pas de rivalité exacerbée, de mesquines réclamations : l’enjeu se limite le plus souvent à déterminer qui paiera sa tournée le soir… Des obstacles plus humains ne nécessitent pas non plus un entraînement de stakhanoviste, ni une condition physique de marathonien. Ça pèse forcément dans la balance.

 

Laquelle choisir pour débuter ? 

 

Entre les Post-80, les Pré-80 ou les Pré-65, il y a de quoi trouver son bonheur. Donc, si vous n’avez pas eu l’opportunité d’acquérir la p’tite vieille préparée “aux petits oignons” d’un bon copain, commence alors la patiente recherche de la future compagne de vos exploits. Il n’existe pas de règle absolue : on pourra juste avancer que la fiabilité, malgré le poids des ans, des Japonaises est rassurante pour goûter sereinement au roulage en Anciennes. Les Yam TY 250 (ou kitées en 175, la 125 étant un peu juste), les Honda TL (elles aussi upgradées en 200 si possible) sont relativement indestructibles. Et par ailleurs, les pièces adaptables ne manquent pas. Un cran au-dessus, on trouve toutes les Européennes des années 70-80 : les Bultaco, Ossa, Montesa, SWM, et autres Fantic font de nombreux heureux.

Retenez juste que les tracés les plus accessibles (cf. encadré Le règlement) ne nécessitent pas de disposer d’un grosse puissance moteur : une 250 cm3 est dans la plupart des cas largement suffisante. Votre talent fera le reste, si, si ! En revanche, le choix d’une 125 impliquerait un niveau de pilotage un peu plus relevé, surtout que son poids, autour des 90 kilos, est sensiblement identique d’une cylindrée à l’autre. Alors autant se faciliter la vie. Bref, au moment de faire votre choix, n’hésitez pas à vous faire accompagner d’un pratiquant expérimenté.

Vers laquelle se tourner ? 

 

Enfin, si vous le sentez (en termes de pilotage, de physique et de “brouzoufs” !), vous pouvez vous orienter vers les reines du trial classique, principalement des Anglaises. Les Triumph Cub, James, Greeves constituent de bien belles alternatives, assez légères, aux élitistes BSA, Ariel, Triumph ou Matchless. Mais là, c’est du lourd, tant sur la balance que pour le porte-monnaie. Vous éprouverez ici le plaisir de posséder une machine d’exception, tout en craignant la perspective de ruiner pas loin de 140 kg d’alu poli dans de sournois rochers. Cela mérite mûre réflexion…

 

Du bon côté de la balance pèse aussi le plaisir d’améliorer et de peaufiner avec amour sa monture. Les Anciennes se trouvent rarement dans la vitrine du concess’ le plus proche. Suit la plus que minutieuse rénovation, voire l’optimisation mécanique et cosmétique. Les brèles dans les parcs d’Anciennes sont de plus en plus pimpantes, bien plus belles qu’à leur sortie d’usine parfois 60 ans plus tôt. Et chaque retrouvaille avec les potes est ainsi l’occasion d’exhiber fièrement la dernière amélioration apportée à sa Mamie. Ça aussi, ça file la banane aux quinquas…

Quid des finances ? 

 

Pas négligeable non plus, l’aspect financier. Il y a une vingtaine d’années, on trouvait une machine “sortie de grange” complète et roulante pour 5 ou 600 euros. Bon, il y avait pas mal de taf derrière à assurer, mais ça le faisait. Aujourd’hui, la même grand-mère, 20 ans de plus sous les crottes des divers gallinacés, se négocie autour de 1 500 euros. Et elles sont de moins en moins nombreuses sur le marché…

On ne va pas vous rappeler l’inévitable loi de l’offre et de la demande, mais le fait est que les prix augmentent et que votre mise de départ sera de plus en plus élevée. Heureusement, en parallèle à cette demande en hausse, l’offre de pièces et accessoires d’aftermarket (cf. encadré Les spécialistes) a elle aussi une courbe ascendante. Cette évolution permet du coup de se faire plus facilement des motos de plus en plus belles et performantes. L’investissement demeure certes conséquent, mais contrairement aux modernes qui paument 20 % dès leur sortie du magasin, les Anciennes conservent une cote élevée au fil des années. La Mamie, c’est la véritable valeur refuge du trialiste !

 

Alors, on se lance ?

 

Une fois le choix de votre machine effectué, une épreuve TV1 (100 % vintage) ou TV2 (épreuves de ligue acceptant des pilotes vintage) dans votre région vous permettra de vous situer par rapport aux autres pilotes. Qui, d’ailleurs, ne seront jamais avares en conseils et encouragements. Dans le même ordre d’idée, vos camarades d’entraînement devraient pouvoir vous orienter vers la catégorie idéale compte tenu de votre niveau.

Ne péchez pas par excès d’optimisme, au risque de vous écoeurer sur des obstacles hors de votre portée et/ou de ruiner votre vieux bijou. Car évidemment, dans les catégories supérieures, le niveau est très relevé et de nombreux titres de champions de France y surfent les rochers ! Les amateurs d’Anciennes sont bien sûr très friands de leurs conviviales retrouvailles aux quatre coins de la France, voire d’Europe, avec leurs potes eux aussi amoureux de ces cougars des zones. Souvent, les rencontres se courent sur deux jours et les repas du samedi soir engendrent rarement la neurasthénie…

Dès leur parution, les calendriers dédiés aux Anciennes constituent donc le véritable fil rouge des agendas de nombre de passionnés. Donc, si l’aventure de l’Ancienne vous tente, les tracés bien adaptés des nombreuses catégories en lice devraient faire votre bonheur et, surtout, vous faire rouler dans une ambiance incomparable. Alors, le bonheur est-il dans le Pré ? Affirmatif !

Trial Vintage 3

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