Ancienne gloire du trial mondial avec 7 titres à son actif, Jordi Tarrés aurait pu couler une retraite tranquille chez lui, en Catalogne, à dépenser sa fortune en voyages et belles voitures. Mais c’est mal connaître ce passionné de trial hyperactif qui, après avoir trouvé un partenaire financier, lançait il y a 10 ans sa marque de moto, TRS, devenue ensuite TRRS. Un constructeur que l’on dit aujourd’hui en grande difficulté, ce qui nous a donné envie de lui rendre visite pour y voir plus clair dans son avenir.
TRRS a été créée il y a 10 ans, la première moto est sortie 2 ans plus tard. Quel est ton bilan aujourd’hui en cette date anniversaire ?
Nous sommes très heureux de constater que dans notre petit marché qu’est le trial, nous avons réussi à créer et imposer une nouvelle marque, alors que d’autres ont disparu. Cela prouve que nous avions raison de nous lancer dans ce défi, auquel nous croyions parce que nous avions une certaine expérience. Maintenant, l’aventure TRRS prouve aussi que rien n’est facile, comme dans tout ce que tu veux entreprendre aujourd’hui, quel que soit le secteur dans lequel tu te lances. Notamment dans le trial où nous sommes partis de rien.
Quand tu arrives avec un nouveau produit, tu dois penser à ce que tu vas proposer, au type de machine que tu vas vendre et c’est vrai qu’avoir Adam Raga dans l’équipe fut un réel atout. Il nous a beaucoup aidés dans notre projet parce qu’il a prouvé les capacités de la machine. Après, on sait que faire gagner une moto en compétition et la commercialiser est très différent.
Personnellement, qu’est-ce que tu retires de cette aventure?
Je suis très heureux de m’y être engagé. Avoir été pilote, puis devenir chef d’entreprise impose un changement radical, celui de travailler en équipe. Je dois écouter les autres, accepter leur avis et cela change beaucoup de choses, même si notre objectif est le même. Je le répète toujours aux jeunes qui bossent ici, la difficulté de notre travail est de savoir ce que l’on fait bien et mal. Analyser nos forces, mais surtout nos faiblesses pour les corriger. Il faut savoir s’analyser, le plus difficile.
Et puis quand tu es pilote, tu travailles sur ton pilotage, ta position, ton coup de gaz, ta façon d’utiliser l’embrayage, etc., mais quand tu es chef d’entreprise, il ne suffit pas de fabriquer une bonne moto. Si tu la produis mal, alors tu as tout faux. Si tu n’as pas des finances saines, si tu n’assures pas la disponibilité des pièces détachées, alors ça ne fonctionne pas non plus. C’est un ensemble de compétences qu’il faut réunir et voilà la difficulté de mon job. Il faut toujours se remettre en question, comme quand tu es pilote. Mais ça m’amuse! Ma motivation, c’est de voir des clients heureux et mes machines signer de bons résultats… Avec ce travail, un rêve est devenu réalité en fait.
Tu ne te dis pas que tu aurais mieux fait de profiter d’une retraite paisible?
Non ! Je l’ai fait pendant un moment après ma carrière de pilote, mais ça ne m’allait pas. Je suis un créatif et mon plaisir est de construire une moto. Comprendre comment les pièces fonctionnent les unes avec les autres, ensemble. Quand tu es rentier, tu as beaucoup de temps pour penser, mais à rien et cela ne me convenait pas (rires)…
TRRS a été une aventure rentable ?
L’objectif de chaque entreprise est de gagner des sous, sinon, pourquoi travailler ? TRRS reste une petite entreprise, mais elle parvient à vivre du trial, voilà ce qu’il faut savoir. On n’est pas Honda, une usine qui fabrique des voitures, des avions, des robots et qui peut se permettre de ne pas gagner d’argent dans le trial. Nous non, et c’est pourquoi tout ce qu’on fait, que ce soit le marketing, la promotion ou la compétition, est financé par les recettes réalisées avec les ventes de motos. On n’a pas de sponsor comme Repsol, qui nous épaule. Mais c’est bien dans un certain sens, parce que tu restes connecté à la réalité. TRRS est une petite société, mais c’est aussi sa force, car ça lui permet de s’adapter à la conjoncture.
L’interview complète à retrouver dans les pages de Trial Magazine numéro 111. Disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne.