Disparition de Jean-Claude Olivier
Jean-Claude Olivier, alias JCO, ancien patron emblématique de Yamaha Motor France, authentique passionné de moto et de compétition a perdu la vie samedi 12 janvier sur l’autoroute du Nord dans un accident de la route, à l’âge de 67 ans : une terrible collision frontale avec un poids-lourd dont le conducteur a perdu le contrôle et qui a traversé le terre-plein central, percutant le véhicule où se trouvaient JCO et sa fille, laquelle a réchappé de l’accident. JCO n’a pas survécu à ses blessures. C’est un grand nom de la moto qui disparaît… On imagine que JCO devait se réjouir des performances des Yamaha sur la 35e édition du Dakar… La rédaction adresses ses sincères condoléances à sa famille et ses proches.
Ses obsèques auront lieu ce jeudi 17 janvier 2013 à 10h en la Cathédrale Saint-Louis de Versailles, 4 place Saint-Louis – 78000 Versailles. Lors des obsèques et pour continuer l’action de Jean-Claude Olivier en faveur de l’ICM, sa famille et ses proches invitent ses amis à faire un don en mémoire de sa générosité. Adresse du site pour déposer vos dons : www.icm-institute.org
(Photos © Yamaha : Jean-Claude Olivier en 1985 et JCO en 1975 sur une TY pour une publicité)
Eric de Seynes, son successeur comme Président Directeur Général de Yamaha Motor France, a publié un hommage à son mentor, dont voici quelques extraits :
« (…)Nous perdons aujourd’hui quelqu’un de très cher, qui était pour chacun d’entre nous un patron exemplaire, mais aussi pour certains un guide, un ami, un père professionnel. Sa vision, sa passion, son exigence et son talent de meneur d’entreprise lui ont permis, avec nous tous à ses côtés, de mener de grandes choses, de grandes réalisations, de grandes évolutions. Il a été l’homme d’une œuvre de vie. Il a bâti, il a construit, il a développé, il s’est totalement investi avec une exigence et une implication exceptionnelles pour la marque Yamaha, pour l’entreprise Yamaha Motor France et tous ses collaborateurs, pour le réseau des concessionnaires Yamaha, pour le marché et l’image de la moto dans son ensemble.
Mais Jean-Claude Olivier était un compétiteur pur. Son implication dans la course, sa capacité à avoir su accompagner et développer les talents des plus grands champions français que la moto ait eu la chance d’avoir au cours des dernières décennies étaient uniques. Jean Auréal, Patrick Pons, Christian Sarron, Jean-Philippe Ruggia, Jacky Vimond, Stéphane Peterhansel, Olivier Jacque, Jean-Marc Deletang, Yves Demaria, Arnaud Demeester… la liste est évidemment trop longue pour tous les citer mais ils se reconnaitront tous, car ils savent dans leur intimité profonde ce que Jean-Claude Olivier leur a apporté, ce qu’ils ont pu partager de si fort avec lui, dans ce formidable et exigeant engagement de la course au plus haut niveau.
Jean-Claude Olivier a su accomplir sa vie professionnelle, obtenir tous ces succès sans jamais tomber dans la facilité. Il disait souvent qu’ « on ne peut pas être soi-même fier de ce que l’on réalise. C’est au moment de sa disparition que les autres jugeront de la force et de la portée de ce que l’on a réalisé dans sa vie » . Maintenant il peut être fier de tout ce qu’il a fait, de tout ce qu’il a donné, de tout ce qu’il a su partager.(…) »
Rallye-raid, vitesse, cross, enduro et trial, JCO aimait la moto sous toutes ses formes. Excellent pilote, il s’est illustré en compétition mais aussi lors de séances photos mémorables, comme ici lors de cette séance pour une publicité de la TY.
Ci-dessous le portrait de JCO extrait de http://www.yamaha-community.fr/jean-claude-olivier
L’histoire de Yamaha en France se confond avec celle d’un homme, Jean-Claude Olivier. Présent à la création de l’importation de la marque sur le sol français, il en a assuré la direction pendant 45 ans.
Si les premières Yamaha vendues en France l’ont été par le motociste Levallois-Motos, c’est très rapidement la société Sonauto, déjà importatrice des Porsche, qui va assurer la diffusion des motos frappées des 3 diapasons. Gonzague Olivier, père de Jean-Claude né le 27 février 1945 à Croix dans le département du Nord, qui est resté très lié à Auguste Veuillet, patron de Sonauto avec qui il a remporté une la victoire aux 24 Heures de Paris en 1955, demande à son ami s’il ne pourrait pas prendre son fils en stage. Nous sommes en 1964, et Jean-Claude Olivier se retrouve missionné pour créer un réseau de distribution Yamaha en France. Il part sur les routes au volant d’un fourgon J5 avec quatre machines à l’intérieur, un 50, un 80, une 125 et une 250, bien décidé à convaincre les marchands de motos de la qualité des Yamaha. L’année 1965 se conclut avec 117 ventes, elles seront 330 en 1966, 550 en 1967 et plus de 1000 en 68.. Constructeur inventif, Yamaha développe de nouveaux produits et crée à la fin des années 60 une gamme de trail bikes qui fait immédiatement un malheur auprès des Américains qui apprécient ces motos loisir.
Devancer la demande
JCO voit dans ces modèles qui marient route et tout-chemin jolis, propres et faciles à conduire, un excellent moyen de sortir la moto de sa marginalité et de conquérir une clientèle plus large. Profitant de ses nombreuses relations, il parvient à convaincre Brigitte Bardot de rouler une journée entière au guidon d’une 125 AT1. Des dizaines de photographes sont à l’affût pour prendre des clichés qui feront la Une de tous les journaux people de l’époque. Lui-même passionné, Jean-Claude Olivier a du flair, ressent intuitivement les modèles qui vont marcher et, plus important encore, est capable d’imaginer ceux qui manquent à sa gamme. L’homme n’hésite pas à donner de sa personne pour assurer l’image de ses motos. D’une grande habileté au guidon, il s’engage au Bol d’Or du renouveau en 1969, au guidon d’une 250. Lors de la foire de Paris 1971, costumé et cravaté, il se lance dans une démonstration indoor des possibilités d’un des premiers trails entrés en France devant un parterre de spectateurs médusés. Restées célèbres également, ses roues arrière avec la XS1100 qui permirent d’imposer une image presque sportive d’une moto qui ne l’était pas. L’engagement de la XT dans l’Abidjan-Nice 1976 est une autre intuition, comme l’insistance pour que soit produite la RDLC, ou que la V–Max, initialement réservée aux seuls américains, débarque en France. Pour convaincre les Japonais qui ne consentaient à lui attribuer que 10 exemplaires pour sonder le marché, JCO a une nouvelle idée géniale. Il confie une V-Max à un ami, très célèbre dans le « tout St Tropez », pendant toute la saison d’été. A la rentrée de septembre, ce sont 30 commandes fermes qui sont sur son bureau. Ce feeling, ce sens du bon produit au bon moment, mais aussi son management agressif qui permet à Yamaha de chatouiller Honda, puis de le dépasser au niveau des ventes en France vont asseoir l’influence de Jean-Claude Olivier auprès de la haute direction de Yamaha au Japon. C’est un homme qu’on respecte, une voix qu’on écoute.
Un patron qui s’engage
L’autre trait qui caractérise la personnalité de Jean-Claude Olivier, c’est sa passion de la compétition. Au delà des noms de légende intimement liés à Yamaha, les Patrick Pons, Christian Sarron, Jacky Vimond ou Stéphane Peterhansel, ils sont des centaines de pilotes de vitesse, de Moto Cross, d’enduro ou de rallye-raids à avoir pu compter sur un soutien direct ou discret de l’importateur. Soucieux de stimuler le sport moto en France, Jean Claude Olivier s’est à maintes reprises engagé personnellement dans des compétitions pour assouvir son goût des défis. On retiendra ses 25 participations à l’Enduro du Touquet qu’il finit 15 fois dans les vingt premiers. Et puis il y a les Paris Dakar. Neuf participations entre 1979 et 1996 et six fois à l’arrivée dont une fois à la seconde place en 1985.
Vidéo de la soirée de son départ à la retraite, en février 2010.